Démarchandiser le sport, par Maxime Sauvage

En instaurant la « démocratie corinthiane », Sócrates a posé les premières pierres de la démarchandisation du football en plaçant la gestion du club entre les mains des joueurs et salariés, loin des logiques commerciales habituelle.

« Je crois que le jour où l’on a admis que le jeu sur le stade pouvait être l’occasion de profits importants, on a fortement atteint la moralité du sport ». C’est ainsi que s’exprimait le 3 décembre 1937 dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État des sports, des loisirs et de l’éducation physique du Front populaire, lors de l’examen du budget pour l’année 1938. Près de 90 ans plus tard, force est de constater à quel point les mots de Léo Lagrange, qui tout au long de son expérience gouvernementale chercha à promouvoir le « sport de masse » plutôt que le « sport-spectacle », sont d’actualité.

La marchandisation du sport paraît sans limite. Tout se paye, surtout la passion. Les stades deviennent inabordables et les abonnements TV se multiplient. Tout est support à sponsor. Tout est prétexte à pari. Tout est multi-propriété. Pour développer une section sportive masculine, jugée plus rentable, la section sportive féminine d’un club devient trop souvent variable d’ajustement. L’État, historiquement garant d’une politique publique sportive nationale, n’a plus ni ambition ni moyens. Les piscines publiques ferment. Les salles de sport privées ouvrent. On ne refait plus le match, on diffuse sa course sur Strava.

Démarchandiser le sport doit être au cœur de la doctrine socialiste. C’est redéfinir une politique publique sportive, de l’échelle nationale à l’échelle locale, c’est soutenir le mouvement associatif, c’est valoriser les bénévoles. C’est aussi démocratiser et définanciariser la gouvernance du sport, notamment au niveau international. Il y a une « exception culturelle ».

Il doit y avoir une « exception sportive ».

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